Venise juin 2024 - Carnet de voyage

Après plus de 13 ans nous sommes de retour à Venise pour trois jours. Notre objectif pour ce séjour est de se perdre dans les quartiers vénitiens que nous n’avions pu visiter lors de notre premier séjour. Notre hôtel, l’Antica Locanda Sturion situé au bord du grand canal près du Rialto au troisième étage sans ascenseur d’un ancien palazzo nous permet d’entretenir notre forme. Pour cette première matinée, nous prenons le vaporetto jusqu’à San Marcuola pour découvrir le quartier du Guetto.

1ère journée

C’est en 1516 à la suite de l’afflux de réfugiés Juifs venant d’Espagne que fut créé le quartier juif à Venise. Il y avait entre autres une fonderie dans ce quartier, et en vénitien, fonderie se dit ghetto. Ce mot est depuis passé dans le langage courant pour désigner un quartier juif

Dans le quartier du Cannaregio, au nord de Venise, la Chiesa della Madonna dell’Orto est une église du XIV ème siècle de style gothique Vénitien. Située à proximité de l’atelier du Titien, nous avons pu admirer de nombreuses œuvres de cet artiste, en particulier les deux grandes toiles du chœur. Nous avons également pu admirer la Crucifixion de Palma le Jeune

C’est sous une bonne averse que nous arrivons à la Chiesa dei Gesuiti. Bâtie entre 1715 et 1728 à la demande des Jésuites. Ils avaient été chassés de Venise en 1606 par les doges. L’intérieur est de style baroque avec de remarquables marqueteries en marbre vert. La chaire en particulier est d’une grande beauté, l’artiste ayant réussi à donner l’aspect d’une étoffe au marbre

Après un déjeuner pris en terrasse sous une forte pluie, nous décidons d’aller nous promener dans le quartier du Dorsoduro. Nous prenons la ligne du vaporetto n°1 pour profiter de la beauté des Palazzi le long du grand canal, arrêt Accademia. Nous allons jusqu’à la Punta della Dogana qui nous offre une belle vue sur San Giorgio Maggiore.

Nous revenons vers le pont de l’Accademia en passant dans les ruelles derrière la Collezione Peggy Guggenheim que nous avions visitée en 2011. Afin de profiter du grand canal nous faisons un arrêt prolongé sur le pont de l’Accademia qui offre une superbe vue jusqu’à l’église Santa Maria della Salute en travaux de restauration actuellement. Nous regagnons notre hôtel après cette première journée très riche en visites et émotions malgré le temps mitigé.

2ème journée

En ce vendredi matin, le soleil est au rendez-vous, offrant à Venise un visage différent, les couleurs chatoient. Nous nous dirigeons vers la Piazza (place Saint Marc), les vendeurs du Rialto s’activent en dressant leurs étals à souvenirs après avoir tiré leurs charrettes dans les rues étroites et monté les escaliers jusqu’au pont. L’affluence touristique est déjà importante malgré l’heure matinale

Ce matin nous avons réservé une visite guidée intitulée « Itinerari Segreti » (itinéraire secret) dans le palais des doges

En attendant notre guide Francophone, nous nous promenons dans la cour intérieure du palais et admirons son architecture « gothique Vénitien ». A noté l’impression de légèreté que dégage le bâtiment. Cette impression est due au procédé architectural : l’inversion des masses. Cette technique place au niveau supérieur les volumes pleins, tandis que les galeries inférieures bénéficient d’une grande finesse de décor.

Nous commençons notre visite guidée par les pièces situées au-dessus des salles d’apparat. Ces pièces étaient destinées à l’administration du duché de Venise, bureau pour notaires, salle d’archives. A noté la forme particulière des gonds de porte, conçu pour supporter les variation du sol recouvert de terrazzo

Nous descendons des combles pour arriver dans les pièces d’apparat par une porte dérobée. Le contraste entre la partie administrative fonctionnelle et les pièces richement décorées est saisissante ! Nous traversons ces pièces pour nous rendre dans la prison située dans les soubassements du palais, plus humide que la prison des Plombs…Nous en profitons pour admirer toutes les œuvres montrant la richesse de cette république.

Nous passons dans les cellules sous le palais pour rejoindre le pont de soupirs qui reliait les locaux des juges d’instruction du palais des doges aux prisons nouvelles.

Après cette visite insolite du palais des doges, loin de l’affluence touristique, nous nous dirigeons vers le quartier San Polo par le pont du Rialto pour la visite de la basilique di Santa Maria Glorosia Dei Frari, selon certains guides une des églises contenant les plus grands chef d’ouvres de Venise. Mais avant cette visite, nous nous restaurons dans une petite osteria : Ai4 Feri Storti, située en dehors des sites touristiques, nous nous régalons d’une cuisine typiquement vénitienne avec des produits du marché.

Après avoir repris des forces, nous marchons jusqu’au campo Dei Frari où nous découvrons la facade de la basilique reconstruite plusieurs fois en briques rouges avec des ornements en pierres blanches d’Istrie. Son campanile carré culmine à 70m et est le second plus haut après celui de San Marco.

Le contraste entre le classicisme simple de l’architecture extérieure et la richesse de l’ornementation intérieure est surprenante. Nous ne savons où porter nos yeux, jubé, tombeaux, retables peintures, tout est émerveillement, mais également surprise ; surprise entre le style du tombeau du Titien de style classique et celui situé en face, tombeau du sculpteur Canova, pyramide de style néoclassique, détonnant dans ce décor. Également étonnant, le style baroque pour le tombeau du Doge Giovanni Pesaro avec ces colosses noirs soutenant le chapiteau, mais aidé de coussin.

Nous admirons également les 124 stalles du chœur et le travail de marqueterie et sculpture des dossiers.

Au fond du chœur, au-dessus de l’autel, nous pouvons admirer l’Assomption du Titien. Cette première œuvre religieuse de l’artiste a surpris ses contemporains par sa liberté d’interprétation : la Vierge n’est pas représentée implorante et main jointe mais épanouie, gracieuse, visage doux et serein s’élevant dans un bain de lumière vers le visage plein d’humanité de Dieu le Père.

Une autre œuvre du Titien : retable Madona di Ca’Pesaro ; ici l’artiste surprend également ses contemporains en ne plaçant pas la vierge au centre de l’œuvre. Sur l’œuvre figurent l’évêque Jacopo Pesaro et sa famille, venant remercier la vierge d’une victoire navale sur les Turcs (à gauche, un personnage enturbanné). A gauche, un personnage nous regarde, et capte notre attention.

Également une Vierge à l’enfant au milieu des moines Franciscains, peint par Bernardino Licinio vers 1535

Après cette journée de visite, nous allons à la Fenice assisté à un concert dans ce lieu historique. Nous avons réservé nos places depuis déjà trois mois, choix restreint, puisque seule des places pour la 9ème symphonie de Beethoven étaient disponibles. Elle était intérprétée par l’orchestre et les chœurs de la Fenice, sous la direction de Daniele Rustioni ; soprano Ana Maria Labin mezzosoprano Veronica Simeoni tenor Francesco Demuro basse Adolfo Corrado. Nous nous sommes régalés, au milieu des nombreux abonnés Vénitiens

3ème journée

Après avoir consulté la météo qui prévoit une belle journée printanière nous prévoyons d’aller visiter l’ile du Lido. Nous prenons le vaporetto, la ligne 1 au Rialto jusqu’au Lido.

Nous nous délectons encore et encore de ce trajet au cœur de la ville, sur le grand canal, profitant de la beauté de chaque palazzo.

Nous arrivons au lido en milieu de matinée, le soleil brille et nous décidons de nous diriger vers le littoral où se trouve les plages. L’ambiance est totalement différente que celle de Venise. Des immeubles récents ou un peu plus ancien mais en ma

uvais état. La réalité est très loin de l’image que nous nous étions faits de l’ile accueillant les paillettes et stars de la Mostra.

Venise vue du Lido

Après un déjeuner correct sur L’Ile du Lido nous retournons sur la sérénissime et décidons d’aller déambuler dans le quartier du Castello. Nous nous arrêtons pour visiter l’église San Zaccaria. Dans la chapelle San Atanasio, nous admirons David vainqueur de Goliath par Palma le Jeune et également La nativité de Jean Baptiste du Tintoret ; Cependant, selon le critique d’art Andrea Gallo, cette dénomination est une erreur. Selon Gallo, la symbolique utilisée par le Tintoret dans le tableau de San Zaccaria est celle de la naissance de la Vierge et ne peut en aucun cas faire référence à la naissance du Baptiste.

La façon dont Le Tintoret a peint la mère de la Vierge est aussi très prenante et très moderne. Tout l'art et le talent du Tintoret sont présents dans cette œuvre.

Nous visitons ensuite la chapelle de San Tarasio. Presbytère devenu abside de l'ancienne église, sa construction remonte au XIVe siècle, sur les bases de la première construction du IXe siècle. Nous pouvons admirer 3 superbes triptyques :

le triptyque de la Vierge, la Vierge en trône et l'enfant flanquée à gauche par saint Blaise et à droite par saint Martin date de 1385 et est du au peintre Stefano di Sant'Agnese ; le triptyque du Corps du Christ ou du Sépulcre, peinture de 1433 par Antonio Vivarini et Giovanni d'Alemagna et enfin le triptyque de Sainte Sabine, peinture de 1443 par les mêmes artistes.

Nous descendons ensuite dans la crypte qui comme la plupart du temps est envahie par les eaux de la lagune.

Toujours dans le quartier du Castello, à quelques dizaines de mètres du palazzo Grimani, nous découvrons le campo Santi Giovani e Paolo. Sur ce campo, se trouve la Basilique du même nom, et plus surprenant, accolé à la basilique se trouve Ospedale SS. Giovanni e Paolo Pronto Soccorso, autrement dit, l’hopital pour les urgences !

En cette fin d’après-midi, nous nous retournons vers notre camp de base, en découvrant de nouvelles merveilles. En passant du quartier Castello au quartier Canaregio, nous découvrons l’église Santa Maria dei Miracoli. Cette église du XVème sciècle construite par Lombardo, de style renaissance Italienne dont la façade est couverte de marbre polychrome est une pure merveille.

4ème journée

Pour cette dernière journée Vénitienne, nous décidons d’aller visiter les iles du nord. Nous prenons la ligne 12 à F.te Nove au nord du Cannaregio en direction de l’ile de Burano. Nous passons l’arrêt de l’ile de Murano que nous avions visité en 2011 et nous nous arrêtons à Burano. Cette ile, aux façades de maisons multicolores, n’a pas changée et nous enchante autant qu'il y a 13 ans, si ce n’est l’affluence qui va gonfler au fur et à mesure des heures passant en cette matinée ensoleillée, de nombreuses vedettes débarquent les touristes venus pour une heure ou deux. Nous décidons donc de quitter Burano pour aller sur l’ile de Torcello qui recèle des trésors architecturaux. Cette ile fut la première à être habitée dans la lagune et a compté jusqu’à 20 000 habitants, aujourd’hui juste quelques dizaines d’âmes la peuplent. En revanche quelques bons restaurants, (nous en avons testé un) principalement fréquentés par des Vénitiens en ce dimanche.

Sur l’ile de Torcello, nous visitons la Cathédrale Santa Maria Assunta. Fondée en 639, elle est un des édifices de style vénéto-byzantin les plus anciens de toute l’Adriatique. A l’intérieur superbe pavement en mosaïque polychromes, dans le style de Byzance. En particulier, le chef d’œuvre est l’immense mosaïque du jugement dernier qui couvre la hauteur d’un mur. Exécutée par des maitres verriers vénéto-byzantins au XIIe et XIIIe siècle, elle raconte des scènes de l’histoire sainte sur 6 rangées superposées.

Dans l’abside centrale, très belle mosaïque de même style vénéto-byzantin du Xie sciècle. Elle représente une Vierge hiératique, nimbée d’or et vêtue de bleu, tenant l’enfant Jésus dans ses bras. En dessous on retrouve les douze Apôtres.

Nous prenons l’avion de bonne heure demain lundi et couchons en ce dimanche soir à l’hôtel près de l’aéroport, petit incident du matin qui aurait pu nous faire prolonger notre séjour, l’ascenseur de l’hôtel est resté bloqué 1 heure avec nous à l’intérieur, heureusement sans conséquence.

Notre voyage touche à sa fin, la séduction de la Sérénissime a de nouveau opéré. Malgré la très forte affluence, nous avons pu trouver une certaine quiétude dans le dédale des ruelles charmantes éloignées des « tropismes » touristiques et donc découvrir de nouveaux sites toujours aussi magiques.

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